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La filière forêt-bois : un levier stratégique pour des territoires durables dans les SCoT et les PCAET

Cofor 38 | 07 Mai 2025

STRATÉGIES FORESTIÈRES TERRITORIALES, URBANISME, PLANIFICATION ET RISQUES

La filière forêt-bois : un levier stratégique pour des territoires durables dans les SCoT et les PCAET

L’Association des Communes forestières est présente aux côtés des communes et des intercommunalités pour les accompagner dans la définition et la mise en œuvre de leur politique forêt-bois. Forte de son expertise, elle soutient les territoires dans la valorisation durable de cette filière essentielle, à la croisée des enjeux économiques, environnementaux et sociaux. L’intégration des enjeux forestiers dans les documents de planification territoriale, tels que les SCoT et les PCAET, est désormais une condition essentielle pour construire des territoires durables, sobres et résilients.

SCoT et PCAET : deux outils complémentaires de la planification territoriale

Le SCoT (Schéma de Cohérence Territoriale) est un document d’urbanisme stratégique qui définit, à l’échelle intercommunale ou d’un bassin de vie, les grandes orientations d’aménagement et de développement du territoire pour les 15 à 20 ans à venir. Il encadre les documents d’urbanisme locaux (PLU, cartes communales) et veille à la cohérence des politiques en matière d’habitat, de mobilité, d’économie, d’environnement et de gestion de l’espace. Le SCoT de la grande métro de Grenoble comprend par exemple 7 intercommunalités.
Le PCAET (Plan Climat-Air-Énergie Territorial) est un outil de planification énergétique et climatique obligatoire pour les intercommunalités de plus de 20 000 habitants. Il vise à atténuer le changement climatique, à adapter le territoire à ses effets, à améliorer la qualité de l’air, à développer les énergies renouvelables et à maîtriser la consommation d’énergie.
Le SCoT structure l’aménagement global du territoire (foncier, mobilité, paysage, habitat…), tandis que le PCAET cible la transition énergétique et écologique. Ensemble, ils offrent un cadre cohérent pour intégrer la forêt et le bois dans les stratégies territoriales.

Une filière aux multiples fonctions, au service des politiques territoriales

Dans les SCoT et PCAET, la prise en compte de la forêt et du bois permet de :

Structurer une filière locale de production (bois d’œuvre et bois énergie),
Encourager la construction en bois local et les réseaux de chaleur renouvelable,
Préserver les paysages et les écosystèmes forestiers,
Concilier les usages sociaux de la forêt (loisirs, tourisme, cadre de vie),
Mieux anticiper les risques naturels, notamment les incendies,
Limiter l’artificialisation des sols en protégeant les espaces forestiers à fort enjeu.
Un diagnostic territorial pour hiérarchiser les enjeux forestiers

L’élaboration d’un SCoT ou d’un PCAET doit s’appuyer sur une connaissance fine du territoire forestier. Cela implique :

La caractérisation du patrimoine forestier, avec une analyse croisée des vocations productives, paysagères, sociales et environnementales ;
L’étude de la consommation foncière forestière, pour mesurer les pressions urbaines ;
La prise en compte des besoins de la filière, en lien avec les entreprises locales et les infrastructures de desserte ;
Un diagnostic énergétique, pour identifier les potentiels d’utilisation du bois dans la construction et le chauffage.
Les axes principaux à prendre en compte :

-          Prioriser la transition écologique et énergétique

Préserver la forêt est essentiel, mais cela ne suffira pas à répondre aux attentes humaines à court et moyen terme. La priorité doit donc rester la transition écologique et énergétique, en intégrant la forêt comme un levier parmi d’autres.

-          Préserver l’écosystème forestier

L’écosystème forestier a besoin de maintenu afin qu’il rende l’ensemble de ses services à notre société : protection contre l’érosion, la chute de pierre, infiltration de l’eau, espace de loisir et de production.

-          Renforcer la formation et les effectifs forestiers

La main-d’œuvre forestière est en forte diminution sur notre territoire. À titre d’illustration, les appels d’offres publics lancés par l’ONF pour les travaux en forêt publique ne trouvent pas suffisamment de répondants pour couvrir les besoins.

Cette pénurie surcharge les exploitants disponibles, qui s’équipent alors de machines lourdes, peu compatibles avec la préservation des sols forestiers et la gestion fine exigée. Par ailleurs, le recours croissant à une main-d’œuvre étrangère peu francophone complique la transmission des consignes de gestion durable.

Ces enjeux, bien qu’indirects, concernent aussi le SCoT. Il est essentiel d’anticiper la création de zones d’activités forestières pour permettre l’installation, la formation et la fidélisation d’une main-d’œuvre locale adaptée. Cela sera d’autant plus crucial pour répondre à des besoins futurs tels que l’approvisionnement en bois local pour les aménagements liés aux Jeux Olympiques 2030.

-          Penser les infrastructures forestières à l’échelle du SCoT

Une gestion durable exige aussi des infrastructures adaptées pour transporter et stocker le bois. Cela suppose la création d’un réseau cohérent, à l’échelle du territoire, de pistes et de dessertes forestières limitées mais efficaces, avec un impact minimisé sur les sols. Un schéma directeur des dessertes pourrait être intégré au SCoT, avec l’identification d’emplacements réservés pour d’éventuelles améliorations.

-          Lutter contre le morcellement de la forêt privée

Notre territoire est fortement morcelé, notamment en forêt privée. Chaque propriétaire détient en moyenne 1,9 hectare, souvent en plusieurs parcelles non contiguës. Ce morcellement empêche une gestion cohérente à l’échelle du territoire.

Pour que la forêt gagne en résilience face au changement climatique, elle doit être diversifiée et assurer le renouvellement des jeunes arbres. Or, si seuls quelques propriétaires interviennent, faute de coordination, leurs efforts resteront insuffisants.

Des solutions existent déjà : groupements de sylviculteurs, coopératives, site « La Forêt Bouge » (permettant le regroupement parcellaire). Mais ces outils doivent être renforcés.

Nous invitons les élus du SCoT à aller plus loin : le regroupement forestier doit devenir un objectif d’intérêt général. Dans les documents d’urbanisme (PLU, PLUi), il est possible de définir une stratégie foncière. Les droits de préemption et de préférence doivent être activement étudiés lors des successions, ventes ou pour les biens vacants.

La constitution de bourses foncières locales, à l’échelle des communes ou intercommunalités, permettrait d’acquérir et de rétrocéder des parcelles pour faciliter le regroupement. Cette démarche est socialement mieux acceptée qu’une expropriation, et elle faciliterait aussi les actions de débroussaillement et de lutte contre les incendies.

-          Maintenir une diversité de gestion forestière

Une gestion durable doit être étendue sur une surface suffisante, mais il est tout aussi important de ne pas uniformiser les pratiques. Dans un contexte climatique incertain, il faut diversifier les approches.

Il est donc nécessaire de trouver un équilibre entre forêts productives, espaces en libre évolution (réserves biologiques, naturelles ou forêts non exploitées), et zones forestières assurant des fonctions spécifiques (protection contre les risques naturels, préservation d’écosystèmes particuliers).

Une attention particulière doit être portée aux forêts anciennes (présentes depuis plus de deux siècles), qui abritent une biodiversité spécifique et présentent une résilience acquise au fil du temps. Leur gestion doit être guidée par des principes de précaution.

Les élus doivent intégrer cette vigilance dans les politiques d’aménagement du territoire.

Une gouvernance partagée pour concilier les usages

La réussite de ces politiques passe par une concertation étroite entre les élus, les gestionnaires forestiers (ONF), les acteurs économiques (entreprises de la filière), les associations, et les usagers de la forêt. Les collectivités jouent ici un rôle de médiateur des usages, en assurant un équilibre durable entre production, protection et appropriation citoyenne des espaces forestiers.

Conclusion : En intégrant pleinement la filière forêt-bois dans les SCoT et les PCAET, les territoires s’équipent d’un levier puissant pour répondre aux grands défis du XXIe siècle. C’est un investissement dans la durabilité, la résilience et la souveraineté des ressources locales.SCOT - Grande Métro grenobloise
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COFOR AURA | 2025
Lettre d'information n°30 - Communes forestières Auvergne-Rhône-Alpes

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