Le 10 août 2023, l’Office national des forêts a organisé en présence du Préfet du Cantal, M.Buchaillat, une tournée sur l’équilibre entre la forêt et le gibier (dit équilibre sylvo-cynégétique) dans les forêts publiques des Monts du Cantal. Deux sites ont été visités, la forêt sectionale de Malpertuis (commune de Laveissière) puis la forêt domaniale de Murat. Les Communes forestières ont participé à cet échange technique avec la participation du chargé de mission du Cantal et de l’élu de Laveissière, M. Albisson. L’objectif de cette tournée était de montrer au représentant de l’Etat l’impérieuse nécessité de rétablir l’équilibre sylvo-cynégétique afin de garantir la gestion durable des forêts des Monts du Cantal dans un contexte d’autant plus difficile que celui du changement climatique. En effet, avec une population de cerf qui ne fait qu’augmenter depuis plus de 20 ans, il a été constaté durant les échanges et la visite en forêt que l’équilibre était rompu. La pression exercée par le grand gibier a entraîné la suppression de la plupart des coupes de régénération en futaie régulière ou des coupes de futaie irrégulière. Pour la commune de Laveissière, l’arrêt des coupes représente 8 830 m3 de bois qui n’ont pas pu être mobilisés durant ces neuf dernières années. Le cerf exerce plusieurs impacts négatifs sur les jeunes peuplements. Il consomme les jeunes plants et les jeunes pousses (aboutissement), il arrache l’écorce des jeunes arbres, soit en frottant ses bois contre (frottis), soit en la prélevant avec les dents sur des sujets même plus âgés (écorçage). Les Communes forestières identifient l’équilibre sylvo-cynégétique comme une priorité de la gestion durable de la forêt et l’adaptation des forêts au changement climatique. Sans l’équilibre, il n’y a pas de gestion multifonctionnelle possible.

 

Lorsque qu’une situation de déséquilibre est avérée, elle a donc plusieurs conséquences sur les peuplements forestiers :

 

-       La perte de rentabilité de la forêt, et notamment pour les communes propriétaires du fait des coûts financiers liés aux protections indispensables des jeunes plants pour la régénération, l’engrillagement des parcelles devenant systématique, mais n’étant pas une solution viable économiquement et écologiquement parlant ;

-        L’absence de garantie de gestion durable sans renouvellement des peuplements avec le risque de perdre la continuité spatiale et temporelle du couvert forestier et de fragiliser l’écosystème et la biodiversité en place ;

-        L’impossibilité de mettre en place une sylviculture permettant l’adaptation des peuplements au changement climatique.

 

La situation constatée en forêt sectionale de Malpertuis est comparable à bien d’autres forêts des Monts du Cantal, mais aussi à d’autres unités de gestion du département du Cantal où l’équilibre est menacé, voire rompu. Pourtant, plusieurs leviers existent pour retrouver cet équilibre, le levier principal étant de faire correspondre les niveaux de prélèvements (attributions pour les plans de chasse) avec le nombre de cerfs présents sur le territoire.