Depuis le début de la crise des scolytes, en 2017 les forestiers doivent intégrer une nouvelle donne dans leur campagne de martelage : la proportion croissante de volume dépérissant. L'enjeu est tel que de nombreuses adaptations des modes de vente ont été mises en place pour apporter plus de réactivité dans la commercialisation des bois issus des forêts des collectivités. En parallèle plusieurs leviers d'intervention sur les marchés ont été mis en œuvre pour maintenir des prix de vente et soutenir les producteurs.
 
Dans notre département, la consultation du 8 septembre dernier marque un nouveau tournant dans la crise commerciale. Le volume mis en vente atteignait le niveau exceptionnel de 30 000m3 de produits dépérissant, étayé de près de 6 000m3 de coupes de bois vert. Il faut avoir en tête qu'au début du mois de septembre près de 140 000m3 de dépérissant ont été désignés pour être commercialisés. L'épidémie s'affole au point qu'aucune coupe ne semble à l'abri d'un dépérissement rapide : les services de l'ONF doivent faire face à des arbitrages délicats et sont à pied d'œuvre pour fluidifier les mises en chantier. Ainsi, tandis que l'offre explose et que le bois ne cesse d'affluer des autres régions également impactées, le marché est peu dynamique et les clients se font très sélectifs.

Au sortir de la vente, le taux d'invendu a atteint plus de 60% du volume mis en vente : de nombreuses coupes ont dû être retirées du fait de propositions d'achat inférieures à 10 € du mètre cube. Dans ce contexte où les acheteurs ne prendraient que les bois verts la priorité reste d'écouler le flot continu de produits dépérissant. D'autant que plus l'exploitation est enclenchée à temps plus les bois préservent leur qualité et peuvent ainsi être valorisés.

Alors que d'autres régions les ventes de bois verts sont purement et simplement annulées, le choix se pose aujourd'hui dans l'Ain pour la traditionnelle vente d'automne.

Au-delà de ces adaptations de circonstance, un lobbying de fond est mené par notre association sur la valorisation des bois scolytés. L'adaptation des modes de vente et de désignation est suivie de près et c'est même le document d'aménagement forestier qui est remis en question aujourd'hui. L'association des Communes forestières de l'Ain et les équipes de l'ONF accompagnent les communes qui font face à des problématiques nouvelles d'ordre budgétaire mais aussi de sécurité et d'aménagement du territoire. Une chose est sûre, dans un contexte de vulnérabilité croissante des peuplements forestiers, le choix entre des itinéraires techniques incertains doit également s'accompagner de messages forts. En appelant à la solidarité d'une part au sein des acteurs de la filière et des services de l'Etat, mais également en direction de nos concitoyens qui ne comprennent pas toujours les enjeux liés à la situation exceptionnelle que nous traversons.