A l’heure où la demande en résineux est focalisée sur des sciages normalisés à faible coût, le sciage des gros bois, notamment de sapin, pose d’énormes problèmes techniques et économiques aux divers opérateurs qui interviennent sur la chaîne de valorisation. Cette ressource de gros diamètre s’en retrouve sous-exploitée.

Un rapport, du conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux, publié en 2020, s’intéresse aux gros bois en France et à leur valorisation. Ce rapport préconise notamment, dans le cadre de projets de territoire, de renforcer la capacité des entreprises de première transformation à investir, innover et s’adapter, par l’innovation par exemple. C’est tout l’enjeu du projet « gros bois de sapins » des communes forestières, que nous lançons en 2022.

La région AURA possède une ressource en sapin pectiné importante avec une proportion de Très Gros Bois, de l’ordre de 20 millions de m3. Dans ce cadre le territoire, de la montagne ardéchoise recèle un volume très significatif, évalué à plusieurs milliers de m3.

Alors que la préservation de gros bois et très gros bois dans les forêts exploitées est nécessaire et permet notamment une préservation de la biodiversité, les GTGB (gros et très gros bois) sont sur le territoire de la Montagne d’Ardèche le marqueur d’une absence de gestion, pouvant conduire à surcapitaliser, à augmenter les risques de dépérissement et à rendre aléatoire le renouvellement de la forêt. Outre la non-mobilisation de la ressource en bois, ces situations peuvent altérer les fonctions de protection et les fonctions sociales de la forêt.

S'il est bien sur essentiel de maintenir une part de gros bois et très gros bois (GTGB) en forêts, pour préserver la biodiversité inféodée aux stades de sur-maturité et de sénescence du cycle forestier naturel, il ressort toutefois stratégique de trouver des "solutions" pour continuer à exploiter/relancer l'exploitation - valorisation de ces GTGB.

Par ailleurs, dans un contexte de réchauffement climatique, il a été démontré que le sapin (comparé à d'autres résineux comme notamment l'épicéa) est plutôt robuste, et apparaît comme une vraie essence forestière d’avenir en secteur d'altitude (comme la Montagne ardéchoise). Il est donc opportun de poursuivre une sylviculture/gestion en sapinières pour le futur (et implique pour garantir renouvellement des sapinières, de sortir une partie des GTGB). C’est tout le sens de notre expérimentation à une échelle très localisée.